Question annuelle 2018/2019
Contribution du F:. S :. P :., le 12 Avril 2019 E:.V:.
Psaume 133 (132)
Ps 133:1 Cantique des montées. De David.
Voyez !
Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensembles !
Ps 133:2 C’est une huile excellente sur la tête, qui descend sur la barbe, qui descend sur la barbe d’Aaron, sur le col de ses tuniques.
Ps 133:3 C’est la rosée de l’Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion; là, Yahvé a voulu la bénédiction, la vie à jamais.
Ce psaume fait partie d’un recueil de 150 psaumes (le Psautier) dont les plus anciens ont près de 3000 ans. Ils sont généralement attribués à David, même s’il est certain qu’il n’en ait écrit qu’une moitié (exactement 73). Ils font partie de la liturgie des religions chrétiennes et juives, mais leur place dans les différents livres sacrés correspondants est différente. Par exemple, dans la Bible hébraïque, ils se trouvent en tête de la 3ème Section (« Les Écrits »), alors que dans l’Ancien Testament des Chrétiens ils se situent également dans la 3ème Section (« Les Livres Poétiques et Sapientiaux »), mais entre les livres de « Job » et celui des « Proverbes », et que dans la Bible Grecque ils sont à nouveau en tête, mais de la 2ème Section « Poètes et Proverbes ».
De plus, leur numérotation diffère sensiblement dans la Bible hébraïque d’une part et les Bibles Latine (La Vulgate) et Grecque (La Septante) d’autre part, en raison du dédoublement ou de la fusion de certains psaumes. Ainsi le Ps 133 dans la numérotation hébraïque, est en fait le Ps 132 selon celle de la Bible Latine.
L’analyse de la structure des Psaumes montre qu’ils sont un recueil de prières de louange ou de supplication, destinées à exprimer les sentiments de l’homme devant Dieu, par le chant voire la danse. En effet, en grec Psalmos désigne un air joué sur un instrument à cordes appelé psaltérion, de la famille organologique des cithares.
Du fait de leur caractère poétique ou lyrique, les psaumes ont été et sont toujours une grande source d’inspiration pour les musiciens des religions judéo-chrétiennes. Ils sont donc toujours chantés dans les églises chrétiennes, les synagogues juives et les temples protestants.
[J’aime particulièrement la chanson du chanteur Ivoirien Alpha Blondy, icône du reggae africain, intitulée Psaume 23/Jérusalem.]
Les Psaumes ont été également regroupés par thèmes et par usage liturgique, le Ps 133(132) appartient à une série de 15
psaumes (de 120 à 134 dans la Bible hébraïque, de 119 à 133 dans la Septante et la Vulgate). Ils sont appelés
« Cantiques des montées »
ou « Cantiques des degrés »,
car ils devaient être entonnés lors des Trois
Fêtes de Pèlerinage par les prêtres et les pèlerins gravissant les 15
marches menant au Temple de Jérusalem.
Voyez !
Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensembles !
Tout d’abord David s’extasie devant ce bonheur sans égal que procure le sentiment de Fraternité que l’on éprouve pour ses semblables. Mais qui sont ces frères ?
C’est une huile excellente sur la tête, qui descend sur la barbe, qui descend sur la barbe d’Aaron, sur le col de ses tuniques.
David utilise des images symboliques, mais certainement également réelles de son époque, pour faire l’éloge de la Fraternité. Par ses mots, il exalte les sentiments en portant délibérément les pensées sur une sensation physique agréable.
L’huile versée sur la tête fait référence à l’onction d’huile reçue par les rois, les prophètes ou les prêtres symbolisant ainsi leur consécration par Dieu, pour leur permettre d’accomplir pleinement leur mission royale, prophétique ou sacerdotale.
Cette onction d’huile est également reçue par tous les chrétiens lors du baptême et notre mission à nous seraient donc de rapprocher tous les hommes par la Fraternité. L’importance de l’huile dans la civilisation méditerranéenne ne peut être écartée, car elle est source de nourriture, de lumière, de bien-être pour les soins corporels et d’abondance, c’est donc une très belle image que ce don de Dieu pour rehausser la vie des peuples.
L’huile descend sur la barbe des frères, mais aussi sur la barbe d’Aaron, il s’agit donc d’une comparaison avec l’onction d’Aaron, qui selon la Bible est désigné par Dieu pour exercer le sacerdoce, lui et toute sa postérité afin d’offrir des sacrifices à Dieu. Les frères seraient donc des prêtres cheminant ensemble lors d’une procession et revêtus de tuniques rituelles pour accomplir leur sacerdoce.
C’est la rosée de l’Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion; là, Yahvé a voulu la bénédiction, la vie à jamais.
Dans ce verset après l’huile, c’est la « rosée de l’Hermon, qui descend » sur les Frères, telle la bénédiction de Yahvé. David, poursuit donc ce parallèle entre réalités, bienfaits physiques et mystiques. En effet le mont Hermon, le plus haut sommet d’une chaîne de montagnes au Nord d’Israël, est réputé pour sa rosée abondante, tandis que le mont Sion, moins haut abrite le Temple de Jérusalem. La rosée descendant de l’Hermon est pour cette région plus aride source d’humidité et d’abondance pour les cultures. Cette rosée, à l’instar de l’huile est considérée symboliquement comme source de vie spirituelle et de bénédiction de Dieu. Par extension, en ayant à l’esprit que les Frères étaient des prêtres, les comparaisons confirment la nécessité de la bénédiction divine pour un ministère sacerdotal. En fait ce sont eux qui seront investis de la mission de préparer le peuple à recevoir la bénédiction de Dieu, qui seule peut donner « la vie à jamais ».
En conclusion pour nous Francs-maçons, le Ps 133(132) est un hymne à la Fraternité, bénie par le Grand Inspecteur de l’Univers. La vocation première de la Franc-Maçonnerie n’est-elle pas de « réunir ce qui est épars » ? La réalisation de ce vaste chantier exige un amour mutuel, de la confiance, de la solidarité et une grande tolérance. D’ailleurs en nous rendons dans ce lieu, nous faisons nôtres la citation de notre F\ Antoine de Saint-Exupéry, choisie non sans raison parmi une multitude d’autres, pour être inscrite au pied des escaliers qui mènent aux Temples « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tes différences m’enrichissent».