PS133-1 Cantique des montées de David :
Voyez ! qu’il est doux d’habiter en frères ensemble.
PS133-2
C’est une huile excellente sur la tête, qui descend sur la barbe,qui descend sur la barbe d’AARON,sur le col de ses tuniques.
PS133-3
C’est la rosée de l’Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion, Là YAHVE a voulu la bénédiction, la vie à jamais.
Les textes hébraïques sont particulièrement mystérieux, un texte ancien le Livre de la création
Le SEPHER YETSIRA en donne une clé.
« Vingt-deux lettres, il les a gravées et les a sculptées, il les pesa et les mit en mouvement selon différentes combinaisons. Par elles, il créa l’âme de toute créature et l’âme de toute parole. Vingt-deux lettres fondamentales, fixées sur une route comportant deux cent trente et un portails….. »
Les kabbalistes étudient les mots non pas de manière littérale mais en les manipulant, en utilisant la lettre et le mot comme la matière première d’une méditation sur le sens caché du texte.
Umberto Eco dans son ouvrage « Lector in fabula » explique que le texte est une machine paresseuse qui exige un travail coopératif du lecteur pour remplir les « blancs ».
Le texte laisserait ses contenus à l’état virtuel en laissant une actualisation interprétative du lecteur.
Dans l’interprétation des psaumes proposés, nous aurions donc à construire un sens au texte. Ces écrits sont des pages ouvertes laissant au lecteur la possibilité de créer une plus value et du sens.
Une certaine école de kabbale guide l’étudiant dans l’utilisation théurgique des psaumes.
Cette utilisation repose sur le pouvoir associé des noms divins présent dans ceux ci.
La puissance magique des psaumes était considérée comme incommensurable. Cette pratique sera également récupérée par les kabbalistes chrétiens aboutissant ainsi par la mise en place centrale des psaumes dans certains ordres comme l’ordre martiniste ou l’ordre des élus coens qui inspirèrent J B Willermoz dans la création du Rite Ecossais Rectifié.
Comme des kabbalistes, créons donc les non-dits du texte.
Symboliquement nous sommes les reconstructeurs du temple, utilisons les mots comme des pierres, tournons les, sculptons et assemblons les pour ressortir une autre réalité. Un autre sens que les auteurs ne pouvaient ou ne savaient pouvoir dire.
Dans ce psaume si particulier on parle de l’onction. Ce geste sacré consacrant une relation particulière entre l’Eternel et le récipiendaire est un acte si important qu’il est mentionné pratiquement 150 fois dans l’ensemble de la bible, dont cent fois dans l’ancien testament.
Cette onction principalement effectuée à l’aide d’huile concerne différentes actions.
Pour ne citer que les onctions de l’ancien testament¨nous trouvons :
L’onction des objets rituels ou sacrificiels (monument, autel, arche, tente d’assignation, le tabernacle, les ustensiles etc..)
L’onction des sacrificateurs de la lignée d’Aaron onction sacerdotale et des prophètes.
L’onction pour établir les rois.
L’onction des armes de guerre.
Dans le psaume de référence on parle de l’onction d’Aaron.
AARON frère ainé de MOISE , de la Tribu de LEVI, grand chef de la caste sacerdotale est le père de tous les prêtres. En Egypte AARON est la voix de MOISE.MOISE connaît les consignes divines AARON déclenche les dix plaies. Quand l’heure est venue de l’Alliance, Dieu confiera l’exercice du Sacerdoce à AARON et après lui à ses fils.
C’est MOISE qui confère l’action à AARON.
C’est de cette onction dont il s’agit dans le psaume mais le lien entre les versets est énigmatique.
Nous trouvons la une dimension sacrée de la fraternité dont l’onction est le témoin. Cette onction relie deux frères dans une même dimension spirituelle. Un rite de Maître à disciple conférant une égalité entre celui qui donne et celui qui reçoit.
L’oint devenant l’égal et investi des mêmes prérogatives.
Une analogie avec le très respectable qui relevant le nouveau M en fait un nouvel Hiram.
Un don total vers celui qui reçoit.
L huile d’onction par sa douceur, son odeur et sa couleur dorée symbolise une expérience
Faisant appel à son décodage par les sens, le toucher, l’odeur, la vue et bien sur le goût.
Dans un des textes hébreux, il est écrit que la vasque d’huile pure est le secret de la révélation de la source divine des rêves, manifestations d’Essence de Dieu, le niveau ou les paradoxes sont levés et les opposés sont unis.
L’unification des contraires n’est elle pas la notion de Fraternité dans son essence la plus pure.
L’image de l’huile est donc par son symbole une tentative d’explication d’une expérience spirituelle de très haut niveau.
Qu’il est doux d’habiter en frères ensembles, Qu’il est doux de fusionner dans un élan de spiritualité et de compréhension (autre notion de l’Egrégore si souvent évoquée mais peu rencontrée).
Nous entrevoyons ce moment sacré quant à l’issue d’un rituel ou d’une tenue particulièrement harmonieuse, la sensation d’être est très différente de l’accoutumée, l’Egrégore se traduit par un sentiment de plénitude et de partage qui a du mal à se définir par des mots.
Comme à la sortie d’un doux rêve.
La raison à besoin de figer et de mémoriser dans le matériel une expérience psychique.
Quand nous rêvons, le cerveau décode en images interprétables une sensation mystérieuse. Ensuite la parole transmet de manière incomplète l’image elle-même restrictive.
L’expérience kabbalistique ultime étant la transmission et la descente du pouvoir divin dans l’homme, Le symbole de l’illumination chez les bouddhistes.
Cette illumination décrite par de nombreux mystiques est comme une descente d’une énergie
Descendant de la tête aux pieds. C’est le symbole de la colombe du Saint esprit, c’est le symbole de l’auréole entourant les saints.
C’est également le coup de maillet reçut par Hiram qui loin de le faire mourir le transcende en un nouvel homme un nouvel initié.
C’est le symbole de la descente
de la Kundalini
dans certaines écoles hindouistes.
Je suis là dans une interprétation
ésotérique qui n’est pas La vérité
mais une tentative d’explication de ce que cherchent les kabbalistes dans l’étude des textes.
Une vision et une recherche
d’ expérience du divin par
l’interprétation du mot.
Mon explication du moment n’est pas une réalité mais une ambiance que je tente de vous transmettre comme nos rituels le font.
Suivant notre état de réceptivité, d’attention, la perception que nous avons des sons, des gestes du décorum de nos temples aura une interaction sur notre intime à l’instant présent, nous offrant une vérité à l’instant T.
Une émotion du moment.
Loges toi dans l’instant dit le sage et tu deviendras éternel.
Je ne suis pas là dans une explication philosophique ou intellectuelle, je suis dans une transmission d’émotion, une tentative de décodage du mot ou de la lettre en sensation de vie.
Je suis comme dans un réveil éveillé tentant d’ouvrir des clés d’interprétations différentes.
Reprenons l’Idée que l’enseignement du psaume est le résultat de l’interprétation d’un rêve.
L’Etude des rêves est une partie importante de l’interprétation Kabbalistique et est un élément autonome de la kabbale prophétique.
De nombreuses références dans les textes font allusion aux rêves.
Le Zohar dit :
Rien ne se matérialise dans le monde qui n’ait été révélé à une personne dans un rêve.
Ailleurs :
Dans le talmud dans le traité Berakot qui concerne les rêves, il est dit qu il y avait du temps du second Temple , 24 interprètes des rêves qui en faisaient leur profession.
Le Psaume 126 commence par :
Quand l’Eternel ramena les captifs de Sion, nous étions comme ceux qui font un rêve :
La aussi, nous pouvons faire une analogie de la libération de l’homme donnant accès vers une conscience supérieure. Là encore la mort du vieil homme….
Ce travail que je vous propose est je crois dans la même démarche que celle du chercheur Kabbaliste qui déroule un monde d’interrogations et de méditations …De quelques lettres initiales , Du verbe fut crée l’ensemble de l’univers.
C’est dire les nombreuses voies d’interprétations que peuvent nous offrir la lecture de quelques versets des psaumes. Ou d’autres textes d’ailleurs…
Le thème du Pendule de Foucault d’Umberto Eco reprend d’ailleurs cette idée de création d’un monde à partir de nos propres pensées …
Casaubon héros du livre dit :
« tu te trouves devant un message des templiers,il te vient l’envie de le déchiffrer de fond en comble. Même si tu forces un peu, pour te moquer des déchiffreurs de messages, le message n’en existait pas moins bel et bien ».
L’Etude du psaume ne donnera pas une interprétation unique et réelle mais un message particulier envers celui qui l’étudie avec la voie du cœur et la pensée initiatique.
Nous pouvons découvrir des nouveaux mondes créés par une sorte de pensée magique, nous libérant un temps du monde profane.
La Maçonnerie procède de la même démarche symbolique que l’interprétation kabbalistique.
Je dirais même que nos rituels sont peut être une lecture opérative des enseignements kabbalistiques.
Notre pratique privilégie nos rituels « par cœur ». Elle propose de nous libérer du mot pour accéder à l’essence de la Légende.
Au delà de la forme, nous devons trouver la « substantifique moelle » de nos mystères, afin d’en tirer des expériences offrant l’accès à un une conscience libérée de l’Ego et par la même au sanctuaire de notre Temple intérieur.
Liées dans le psaume, l huile et la rosée (eau mystique et alchimique) évoquent les éléments de purification afin de pouvoir être apte spirituellement au sacerdoce ou terme que je préfère à la transmission.
Avec la rosée nous entrons dans le domaine du merveilleux, cette condensation nocturne sous influence lunaire est selon certaine tradition le véhicule privilégié de l’esprit universel.
Elle est citée ainsi dans le deutéronome :
« …C’est par la Sagesse que l’Eternel a fondé la Terre, C’est par l’intelligence qu’il a affermi les Cieux. C’est par la science que les abîmes se sont ouverts ; et que les nuages distillent la Rosée… »
Mes FF, de quelques lettres initiales des psaumes, nous sommes allés ouvrir de multiples portes comme autant de sentiers à explorer. Nous venons ce créer a partir du verbe, un univers
en expansion…..
Par l’huile sacrée et l’eau lunaire,
Purifiés, fraternels et libres nous accèderons au saint des saint, sur les hauteurs de Sion, Là ou se trouve le temple.
Là YAHVE a voulu la bénédiction, la vie à jamais.
N’est ce pas là notre démarche de compagnon de l’Arc Royal.