L’Arche Royale

Il est le moins « Side-degree » des « Side-degrees » car : l’article 2 de l’Union de 1813 dit :

« La pure et Ancienne Maçonnerie consiste en trois grades et pas plus, c’est à dire ceux d’Apprenti Entré, de Compagnon du Métier et de Maître Maçon y compris l’Ordre Suprême de la Sainte Arche Royale. »

L’Arche Royale est en effet à la fois « en-dedans » et « en-dehors » des 3 grades symboliques (bleus).

Comment est-ce possible ?

Pour mieux comprendre, il faut à la fois en savoir plus sur ce grade lui-même et sur ses sources.

L’Arche Royale est aujourd’hui le corps maçonnique anglais le plus puissant après la GLUA et son effectif dépasse largement plus de 100 000 membres.

La Grande Loge Unie d’Angleterre accueille dans ses locaux, sis à Londres, le « Supreme Grand Chapter of Royal Arch Masons of England », et le numéro de téléphone est le même que celui de la GLUA.

Le 1er Grand Principal est le Prince Edward George Nicholas Paul Patrick, Duke de Kent, Grand Maître de la GLUA.

Contrairement à beaucoup d’autres constitutions demandant aux nouveaux compagnons d’être Maîtres Maçons de la Marque, voire aussi Passé-Maître, voire aussi Excellent Maître (passage des voiles), les qualifications pour devenir Compagnon de l’Arche Royale en Angleterre se limitent à 4 semaines révolues de Maîtrise.

Cette pratique rend ce grade forcément très accessible.

Ce n’est pas innocemment si les Anglais placent l’Arche Royale dans la continuité immédiate du 3ème grade. L’Arche Royale est en effet pratiquée comme le « prolongement » du 3ème grade, puisque l’on y retrouve ce que l’on a perdu au 3ème grade…

Quel est l’argument de ce grade ?

Nous sommes pendant la construction du 2ème Temple, après l’exil à Babylone.

Le candidat, parvenu à Jérusalem va participer aux travaux et faire une importante découverte.

Selon la légende de Philostorge. (arianiste) auteur « histoire ecclésiastique ».

Le chapitre est dirigé par un ensemble de 3 Principaux représentant Zorobabel : le Roi, Aggée ; le Prophète et Josué : le Grand Prêtre.

Il s’agit certainement de l’une des plus belles cérémonies de tout le corpus maçonnique anglais.

Aussi Laurence Dermott, l’auteur d’Ahiman Rezon (les constitutions des Ancients) dira de l’Arche Royale :

« Qu’il croit profondément qu’elle est la Racine, le Cœur et la Moelle de la Franc-Maçonnerie »

(Which I firmly believe to be the Root, Heart, and Marrow of Free-Masonry)

Ainsi, les Antients défendront ardemment l’Arche Royale pendant près de 70 ans en Angleterre, quitte à devoir créer une Grande Loge rivale…

Alors justement, d’où nous vient cette Arche Royale ?

Ce grade se divulgue en Angleterre sur la fin des années 1740, et par ceux qui, justement, formeront plus tard la Grande Loge des Ancients avec comme principal reproche le fait que la Grande Loge qu’ils appelleront des « Modernes » ne pratiquait pas l’Arche Royale.

Un grand nombre de ces maçons non-intégrés à Grande Loge de Londres (Laurence Dermott en tête) sont d’origine Irlandaise.

C’est donc de ce côté que nous avons tendance à aller chercher des origines possibles à notre Arche Royale. Il semble en effet que ces maçons Irlandais ne retrouvaient pas à Londres les pratiques qu’ils connaissaient en Irlande.

Quelle était donc cette pratique Irlandaise ?

Philip Crossle, Past Senior Grand Deacon de la Grand Loge d’Irlande dans « The Irish Rite », publié le 31 mars 1927 avance la théorie suivante :

Si l’on pratique en Irlande dès les années 1730 un système à trois grades – Apprenti, Compagnon, Maître – ces mots ne recouvrent en fait pas les mêmes contenus que les grades anglais.

En effet, le grade d’apprenti Irlandais inclurait les grades d’apprenti et compagnon anglais, le grade de compagnon serait celui de Maître et celui de Maître comprendrait en fait l’installation secrète, l’Arche Royale et un groupe de grades de la Croix Rouge de Constantin (Red Cross of Constantine).

Voici une théorie qui explique tout, enfin et qui fut beaucoup reprise il y a peu, comme si on la redécouvrait.

Une théorie que nous retrouvons un peu partout en France depuis ces dernières années, même dans les revues prétendues les plus sérieuses.

Le problème réside dans le fait de ne jamais avoir été informé de cette théorie, par ailleurs, immédiatement controversée dès 1930 par John Heron Lepper.

Et John Heron Lepper est Fondateur et Passé-Maître de la Loge de Recherche de la Grande Loge d’Irlande. Il est aussi le cosignataire avec ce même Philip Crossle de « The History of the Grand Lodge of Free and Accepted Masons of Ireland » publié en1925.

Il connait bien Crossle et démonte dans cet article des AQC ses théories en dénonçant le fait que Crossle ne s’appuie sur aucun document et bâtissant ses théories sur des suppositions et des supputations. Il faut bien reconnaître en lisant l’article de Crossle, rien de concret venant étayer les constructions mentales de celui-ci sera trouvé.

« C’est une déception de voir « s’envoler » cette théorie elle semblait pourtant très séduisante. Il est dommage que certains aient propagé cette théorie en France sans avoir été jusqu’au bout des recherches possibles…

Il serait intéressant de reprendre un contact avec nos amis Irlandais des loges de recherche car là il reste vraiment beaucoup de travail à accomplir sur ces sujets ! »

Bref, les sources de l’Arche Royale ne semblent pas encore vraiment découvertes…